«Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements au Maroc et en France qu'entre le Palais royal et l'Elysée», une déclaration qui a fait l'effet d'une bombe, notamment en France. Journalistes et spécialistes sont peu tendres avec le président français Emmanuel Macron, responsable selon eux de cette terrible chute de tension qui s'est accentué récemment. «Les relations entre la France et le Maroc se sont dégradées depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée en 2017. Ce dernier a pris le parti de l'Algérie, dès la campagne présidentielle de 2016 ; en vain, car la France n'a rien obtenu. Mais au Quai d'Orsay et à l'Elysée, une petite musique persistante diffuse une image négative du Maroc», pointe le journaliste Jean-Baptiste Noé dans un entretien accordé au site Atlantico. Pour lui, «le gouvernement marocain et son homologue français ont très peu de relations. Emmanuel Macron a fait le choix de l'Algérie, contre le Maroc et cela déteint aujourd'hui. Les relations personnelles entre les deux chefs d'Etat sont par ailleurs inexistantes» Interrogé si Emmanuel Macron a une part de responsabilité dans la dégradation de ces relations, le journaliste français rappelle que «le Maroc n'a jamais rejeté la France et ne l'a jamais attaquée, contrairement à l'Algérie. Les liens économiques et culturels sont nombreux.» Emmanuel Macron veut séduire un pays qui le rejette «Emmanuel Macron a un problème avec l'Algérie. Alors qu'il n'a pas connu la guerre d'Algérie et qu'il n'est pas issu d'une famille de rapatriés, il est obnubilé par ce pays. Il s'y est rendu souvent, sans aucun succès diplomatique. Il y a récemment envoyé son Premier ministre et la moitié de son gouvernement, sans rien obtenir. Pire, l'Algérie bloque désormais la délivrance de laissez-passer consulaires pour ses citoyens expulsés de France, ce qui bloque leur expulsion. Il a voulu créer une commission regroupant des historiens français et algériens pour travailler sur l'histoire des deux pays, comme si les historiens français attendaient un mandat présidentiel pour effectuer leurs recherches, comme si la bibliographie n'était pas déjà surabondante sur le sujet. En faisant le choix d'Alger contre Rabat, il a perdu le Maroc et il n'a rien gagné en Algérie», détaille le journaliste français. «Le Maroc est le pays le plus stable et le plus riche du Maghreb. Sa frontière plonge au Sahara, jusqu'au Sahel» M. Ney rappelle l'enjeu des relations bilatérales : «Nombreuses sont les entreprises françaises implantées au Maroc, que ce soit dans l'industrie automobile, le textile, l'outillage. Mais les liens vont bien au-delà. Le Maroc est le pays le plus stable et le plus riche du Maghreb. Sa frontière plonge au Sahara, jusqu'au Sahel. Tanger Med est le premier port d'Afrique et la jeunesse marocaine est la plus formée d'Afrique» Selon lui, «se couper du Maroc est une folie. Celui-ci joue un rôle majeur dans le monde musulman grâce à son islam malékite. Il forme de nombreux imams et il est le seul à avoir connu un gouvernement d'islamistes, légalement élus, qui sont partis après une défaite dans les urnes, sans heurts politiques. Nous sommes très loin du chaos algérien et de l'effondrement social et politique de ce pays». Et de conclure : «Se fâcher avec le Maroc n'est que l'un des derniers avatars de l'aveuglement diplomatique français.»