Il est des hommes dans la vie qui ne trouvent aucune difficulté à enchaîner les victoires. C'est le cas de Hamid Chabat que rien au départ ne prédestinait, en tant que simple salarié dans une entreprise, à un tel parcours politique et syndical. Député depuis 1997, maire de Fès depuis 2003, secrétaire général de l'UGTM depuis 2009, il vient d'être élu ce week-end nouveau secrétaire général de l'Istiqlal, l'un des plus anciens partis politiques du Maroc. Il a donc réussi à convaincre la majorité des membres du conseil de l'Istiqlal de le plébisciter face à son rival et non des moindres, Abdelouahed El Fassi, fils du fondateur du parti, Allal El Fassi. Quelque temps seulement après son élection, les pronostics fusaient de partout sur les premières décisions que Chabat devra prendre en tant que leader de l'Istiqlal. Car les semaines qui ont précédé son élection ont été marquées par une campagne très rude menée par les deux candidats au sein du parti. Le parti était pratiquement scindé en deux camps. Dans ce sens, la première mission qui s'annonce difficile pour Chabat sera de fédérer de nouveau tous les militants de l'Istiqlal autour d'un même projet et surtout autour d'un seul et unique secrétaire général. Mais les partisans d'El Fassi affichent déjà leur scepticisme. «La démocratie a eu son mot. Hamid Chabat a eu la faveur des urnes. Même si cela ne réjouit pas tout le monde; il faut s'y faire. Désormais, les Istiqlaliens doivent s'éduquer à accepter les résultats de la démocratie», déclare Larbi Cherkaoui, membre du conseil national de Casablanca et l'un des partisans du candidat malheureux. Et de poursuivre : «48% des membres du conseil national ont voté Abdelouahed El Fassi. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si le nouveau secrétaire général réussira ou non à unifier le parti et canaliser toutes ses forces vives». La deuxième mission qui est tout aussi délicate, concerne la place de l'Istiqlal au sein de la majorité gouvernementale actuelle. Chabat a laissé entendre à la veille de son élection qu'il était pour un remaniement ministériel. S'agit-il d'une simple manœuvre pour rassurer ses partisans? Adil Benhamza, membre du comité exécutif et partisan de Chabat, explique la vision du parti sur ce sujet. «La question du remaniement a été posée dans le cadre notamment d'un débat beaucoup plus large concernant surtout la place de la femme et des jeunes dans le gouvernement», déclare-t-il. Et de conclure: «Nous sommes en train de réfléchir sur les relations des ministres istiqlaliens avec les instances du parti. Nous allons œuvrer pour que nos ministres rendent également des comptes devant le parti. Il n'est plus question d'avoir des ministres qui se déconnectent du parti après leur nomination». Le remaniement sera probablement inévitable. Reste à savoir qui seront les Istiqlaliens qui devront céder leurs fauteuils si ce remaniement a lieu. Si toute réponse sera pour le moment prématurée, on sait déjà que les relations entre le nouveau SG et Nizar Baraka, ministre de l'économie et des finances, ne sont pas au beau fixe même si rien n'est encore sûr sur le sort de Baraka. Ce qui est certain, c'est que l'élection de Chabat n'est que le début d'une série de chamboulements.