Le ministre délégué chargé de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Abbou, estime que le recours par le gouvernement aux retenues sur les salaires des grévistes ne contredit pas le principe du droit à la grève. ALM : Qu'est-ce qui explique la décision du gouvernement de procéder à des retenues sur les salaires des grévistes ? Mohamed Abbou : Le gouvernement est tenu de respecter les dispositions législatives en vigueur. Les retenues sur salaires font partie des règles qui doivent être respectées et appliquées. L'argent que l'Etat verse à ses fonctionnaires et agents provient des deniers publics. La grève non justifiée constitue une perte pour la trésorerie du Royaume. À l'instar du secteur privé, l'administration ne peut payer une journée chômée sans raison valable. Partout dans le monde, on applique la mesure des retenues sur salaires dans des conditions similaires. Il est important de rappeler que la justice s'est prononcée sur cette question. Il existe des décisions de justice qui confirment que les retenues sur salaires dans ce genre de cas ne constituent pas une contradiction avec les principes généraux de droit. La grève est certes un droit, mais l'Etat est également en droit de procéder à des retenues sur salaires touchant les fonctionnaires et les agents grévistes. L'époque de l'indulgence absolue au sein de l'administration est révolue. Cette décision est-elle conforme au principe du droit à la grève ? La grève est garantie par la Constitution. En l'absence d'un texte réglementant l'exercice de ce droit, on se réfère aux décisions rendues par les tribunaux du Royaume. Les retenues sur salaires ne contredisent nullement le principe du droit à la grève. Il s'agit tout simplement d'appliquer la règle comptable qui veut que le paiement du salaire n'intervienne qu'après exécution totale du travail par le salarié. Les centrales syndicales qui ont appelé à la grève expliquent le recours à la grève par le blocage du dialogue social. Qu'en pensez-vous ? Le gouvernement n'a pas renoncé au dialogue social. En plus de l'augmentation des salaires, le gouvernement avait décidé d'augmenter les allocations familiales. La réduction du taux de l'Impôt sur le revenu s'ajoute aux deux précédentes mesures. Ce sont des mesures importantes et significatives qui auront un impact positif sur les revenus des fonctionnaires et des agents de l'Etat. Je tiens à préciser que lors du deuxième round du dialogue social, le gouvernement a pris en considération les propositions des centrales syndicales et décidé de réduire l'échéance de l'augmentation des salaires de 2012 à 2010. Le gouvernement a prévu pour cette année une indemnisation en faveur des fonctionnaires qui travaillent dans les zones reculées et enclavées. Cette mesure coûtera à l'Etat 1 milliard de dirhams. Les centrales syndicales qui ont appelé à la grève ont complètement oublié que cette grève porte préjudice aux citoyens. Leurs intérêts sont liés aux différentes administrations. User du droit de grève de manière excessive fait perdre à ce droit sa valeur et sa finalité. Les centrales syndicales déplorent le rejet de toute augmentation de salaire par le gouvernement. Que répondez-vous à cela ? Je rappelle que le gouvernement a décidé l'augmentation des salaires l'année dernière. Cette mesure commence à donner ses fruits et la plupart des fonctionnaires et des agents de l'Etat ont vu leur pouvoir d'achat s'améliorer. Certains syndicats ont revendiqué une augmentation de 30%. Il est inconcevable et inadmissible de revendiquer une augmentation trop élevée. La grève est devenue pour certains une fin en soi et non un moyen pour atteindre des objectifs légitimes. Nous avons pris un nombre d'engagements et nous les honorerons. Une partie de ce que le gouvernement s'est engagé à faire est déjà concrétisée. C'est ce qui importe le plus. Les retenues sur salaires Le gouvernement a décidé de généraliser les retenues sur salaires à tous les grévistes au niveau du secteur public et des collectivités locales. Le ministre délégué chargé de la Modernisation des secteurs publics, Mohamed Abbou, a souligné, lundi, à la chaîne de télévision nationale «Al Aoula» que le gouvernement est tenu aussi bien au respect et à l'application de la loi, qu'à la nécessité de concilier le droit à la grève, garanti par la Constitution et le droit d'opérer des retenues, également autorisé par la loi. «Le droit de retenue est garanti sur une base comptable fondée sur le principe du salaire en contrepartie du travail», a expliqué M. Abbou, notant que le gouvernement a pris cette décision pour défendre le droit des citoyens à la scolarisation, aux soins et à toutes les autres prestations.