Mohammed Abbou impute la responsabilité de la crise actuelle du RNI à son président Ahmed Osman. Le chef du groupe parlementaire à la première Chambre explique les raisons de ce qui ressemble à une rupture. ALM : Quelles sont les raisons de cette nouvelle crise au RNI après une accalmie de quelques semaines ? Mohammed Abbou : Il faut d'abord préciser que le RNI vit cette crise depuis longtemps et il y avait une lueur d'espoir pour dépasser l'état actuel des choses surtout depuis que nous avons signé la Charte de Fès en octobre 2004 et que nous nous sommes mis d'accord sur plusieurs points dont la démocratie interne, la distribution des rôles et des responsabilités et les réunions hebdomadaires du Bureau exécutif. Nous avons eu la mauvaise surprise de constater que rien de cela n'a été respecté par le président et son entourage. C'est ce qui m'a poussé, par exemple, à me retirer de la dernière réunion du Bureau exécutif en guise de protestation. C'est en partant de tous ces griefs, en plus d'autres qu'il serait long de décliner, que nous avons eu l'idée et la conviction de créer un courant réformiste. La situation actuelle du parti ne sert ni ses intérêts et moins ceux du pays. Nous sommes encore au point mort et il est temps de mettre fin à cette situation. Qu'attendez-vous exactement d'Ahmed Osman ? Personnellement, je n'attends rien de lui et il ne fera rien pour arranger les choses. Je suis arrivé à un point de non-retour en ce qui concerne le Bureau exécutif sauf si les choses changent et que l'on décide de passer un jour à des choses plus sérieuses. Nous avons perdu beaucoup de temps qui aurait servi l'intérêt et du parti et du pays. Qu'en est-il de votre décision avec d'autres membres de recourir à la justice contre M. Osman ? Des membres du Bureau exécutif détiennent des documents et des preuves attestant qu'il y a bien eu des malversations. Je ne parle pas ici d'argent provenant par exemple des contributions mensuelles des parlementaires ou de celles des militants à plusieurs occasions. Le point principal concerne les comptes du parti et surtout les montants prélevés sur les deniers publics et versés au parti après les dernières élections législatives et communales. A titre d'exemple, nous n'avons pas cessé de demander le rapport soumis par Ahmed Osman à la Cour des comptes. Il est de notre droit de consulter ce document et il est de notre devoir de défendre les deniers publics. La justice tranchera le moment venu. Est-ce que tout cela ne risque pas de déteindre sur l'action de vos groupes parlementaires ? Il est évident que cette crise aura de graves répercussions sur notre action en tant que groupe parlementaire. Nous nous fixons un court délai pour étudier ces répercussions et répondre à toutes les questions. Les militants et les parlementaires ont le droit d'être informés sur les réalités de leur parti. Depuis longtemps, nous avons adressé des correspondances au siège du parti pour établir une vraie communication avec les groupes parlementaires sans recevoir de réponse. Nous faisons malheureusement partie des rares formations politiques à ne pas avoir examiné de grandes questions d'actualité comme l'INDH ou le rapport du Cinquantenaire sur le développement humain. Je trouve cela indigne d'un parti comme la nôtre. Certains membres du Bureau exécutif ont même estimé que nous dépassions nos prérogatives pour empiéter sur les missions de cette instance et son président. Par la suite, nous avons travaillé de manière sérieuse et appliquée pour sortir de cette crise et nous avons même fixé des échéances y compris pour la tenue du congrès national. A la fin, nous avons découvert que c'était encore du temps perdu pour rien. Le président est entièrement responsable de cette crise qui s'aggrave de jour en jour. Cela dit, comme plusieurs autres membres, je ne prétends à aucune responsabilité. Nous réclamons juste de pouvoir travailler dans un climat sain et serein.