Plusieurs fois ministre d'Etat, ancien premier ministre, Abdellatif Filali a longtemps marqué la scène politique nationale par sa discrétion et sa finesse. Rares seront été les figures politiques marocains à pouvoir se targuer d'avoir cumulé autant de hautes fonctions. Un avantage doublé d'un autre non moins important, celui d'une nature faite de finesse et de discrétion qui sont les attributs de l'ancien ministre d'Etat, Abdellatif Filali. Une personnalité plus connue pour avoir occupé, pour un total de 16 ans, et depuis les premières années d'indépendance du Maroc, le poste de ministre des Affaires étrangères. Un poste qu'il n'a définitivement cédé qu'à l'aube du 21ème siècle, en 1999. En un mot, le parcours de cet homme aux multiples qualités, tant personnelles que professionnelles est impressionnant. Né le 26 janvier 1928 à Fès et après des études secondaires au collège Moulay Driss et au lycée mixte de Fès, le jeune Abdellatif Filali s'en va poursuivre ses études supérieures en droit en France, à Paris. Des études couronnées par un doctorat en droit et après lesquelles commence une carrière, diplomatique entre autres, aux innombrables péripéties. Auparavant, M. Filali entame sa carrière en tant qu'attaché au Centre nationale de la recherche scientifique de Paris, de 1955 à 1956. Une expérience qui le mènera juste après à devenir ministre plénipotentiaire des Affaires étrangères. C'était déjà en 1957. une ascension fulgurante valorisée par une réputation d'un haut reponsable loyal. Un poste auquel est venu s'ajouter celui de membre de la Commission internationale chargée de régler le différend franco-marocain après la capture de Ben Bella. Président de la délégation marocaine à la Conférence sur le droit de la mer en 1958, il ne tardera pas à prendre un autre chemin, celui des institutions internationales, notamment au sein de l'Organisation des Nations unies où il prend, de 1958 à 1959, ses responsabilités de chargé d'affaires du Maroc. De retour au pays, il est nommé chef du cabinet de feu Sa Majesté Mohammed V de 1959 à 1960. Il ne tardera pas à devenir chargé d'affaires du Maroc en France pendant encore deux ans, de 1960-1961. Nommé directeur du cabinet et du Protocole royal en juillet 1961, il est appelé à d'autres fonctions, celles d'ambassadeur de feu Sa Majesté Hassan II à Pékin en 1965. L'aller-retour entre des responsabilités occupées au Maroc et ailleurs continuera jusqu'aux années70. L'attend encore une carrière en affaires commerciales : Président-directeur général de la Banque espagnole marocaine. Aboutissement logique de ce parcours riche, il est nommé en 1994 ambassadeur du Maroc en Espagne. Une autre fonction le mènera à New York, où il est représentant permanent du Maroc aux Nations unies (1976). Ambassadeur de feu Sa Majesté le Roi Hassan II à Londres en 1980, il est élu, deux ans plus tard, secrétaire général perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, et ce jusqu'en 1982. Ministre de l'information jusqu'en 1985, il est également membre de l'Assemblée consultative des droits de l'Homme en 1990 et ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères de 1990 à 1993. Premier ministre, tout en gardant ses fonctions de ministre des Affaires étrangères et de la coopération jusqu'à la formation du gouvernement Youssoufi (1994-1998), sa réputation est faite dans l'action et la loyauté.M.Filali a eu raison, par ses qualités humaines et son sens des responsabilités, de tous ses détracteurs. Rarement Premier ministre a essuyé, lui, et son équipe autant de critiques. Contre les apparences et les effets d'annonce, le bilan était substantiel. Il est désigné dans le gouvernement Youssoufi II en tant que ministre des Affaires étrangères et de la coopération (1998-1999). Marié, deux enfants (Yamina et Fouad), Abdellatif Filali est un homme heureux et en phase avec ses convictions. Sa mission terminée, il se retire de la vie politique nationale. Une sortie par la grande porte qui sied aux hommes de sa trempe.