Pour Rachid Daouani artiste et chercheur marocain, aucun développement du champ culturel dans notre pays ne sera possible sans une révision des budgets proposés à ce secteur. Aussi pour Daouani la solution au malaise que vit la culture ne repose pas sur la répétition des manifestations culturelles. Il faut que les responsables fassent un travail de fond qui soit qualitatif pour redonner au domaine culturel la valeur qu'il mérite et qui était la sienne dans le passé. Al Bayane : Comment peut-on prétendre développer le secteur culturel dans notre pays avec un budget aussi faible ? R.Daouani : Cela relève du charlatanisme culturel et électoral si quelqu'un prétend développer le secteur culturel avec un budget qui ne représente même pas 1 % du budget général, ça sera une tâche très difficile et je dirai même impossible à réaliser. Pour développer le champ culturel dans notre pays, il faut que les moyens financiers qui lui sont alloués, soient revus à la hausse. Est-ce que la manière de gérer le budget culturel quoique minime, rend- t- elle réellement service à la culture dans notre pays ? Un budget minime est ingérable dans le cas où il n y a aucune politique culturelle qui l'accompagne. Dans notre pays le budget alloué à la culture démontre clairement la vision humiliante vis-à-vis de la chose culturelle et des hommes et femmes de la culture. Peut-on prétendre bien gérer la chose culturelle, juste en multipliant les festivals et les manifestations ? Cela n'a jamais été le cas dans les pays qui se respectent et qui respectent leur patrimoine culturel. Il faut installer une action pérenne. Le nombre accru de festivals de tous genres, sans fondements culturels et artistiques et vides de toute philosophie d'appartenance régionale, identitaire et universelle ne veut absolument pas dire que nous avons une politique culturelle. On parle beaucoup d'une politique qui s'intéresse à la promotion de la culture dans les régions du Royaume, alors qu'en réalité les villes manquent énormément d'espaces dédiés à la culture. Selon-vous, comment les responsables du secteur doivent-ils agir pour faire face au sous-développement intellectuel dont souffre notre pays ? Le terme est bien choisi, effectivement nous vivons un sous-développement culturel et intellectuel. Comment y remédier ? A mon avis, il faudrait être convaincu d'une politique culturelle à moyen ou long terme qui soit basée sur la démocratisation et sur une politique de proximité. Aussi, je propose de désaffecter des bâtisses qui semblent en ruine, en lieux de culture, comme le font les pays qui se soucient de la protection, de la vulgarisation et du développement de leur culture.